Ce matin du 11 décembre, j’ai été profondément choqué de ce que j’ai constaté.
Après m’être recueilli sur la tombe de Blessing, j’ai rejoint Montgenèvre, à plus de 1800 mètres d’altitude. C’est là que, avec la maraude de soignants et d’aidants, au coeur de l’après-midi, par -5° et plongés dans la neige, j’ai vu arriver des enfants (le petit garçon le plus jeune avait trois ans), des femmes, des hommes.
Sans rien. A pieds. A travers la montagne.
23 personnes, presque tous Afghans. Parmi elles, deux femmes enceintes.
Tou.te.s ces personnes étaient absolument exténuées. Beaucoup très mal en point.
Les maraudeurs (de l’association Tous Migrants, de Médecins du Monde, etc.) tentaient de dispenser les premiers soins, les premiers secours - un minimum d’humanité, tandis que les forces de l’ordre emmenaient tout le monde au poste-frontière.
François Carrel, journaliste au quotidien Libération, raconte tout dans son reportage, ici.
La honte ressentie, alors, provoque la nausée.
C’est insupportable.
Nous devons accueillir.
Nous devons nous souvenir de notre humanité.
En tant que député européen, j’ai ensuite pu pénétrer à l’intérieur du poste-frontière. J’ai constaté l’absence de protocole d’accueil, de santé, la détresse absolue.
Ce n’est pas possible.
Ce n’est plus possible.
Si la France est le pays des droits humains, il va falloir qu’elle se réveille. Et sérieusement.
Surtout, elle est hors la loi, la France :
Le 10 décembre, le tribunal administratif de Marseille a en effet sanctionné l’administration pour son refus de porter assistance aux personnes exilées enfermées à la frontière franco-italienne.
Pour rappel : le 16 octobre 2020, des représentantes de l’Anafé et de Médecins du Monde s’étaient présentées aux locaux de la PAF de Montgenèvre afin d’apporter assistances juridique et médicale aux personnes y étant enfermées. Au prétexte d’une « mise à l’abri » de ces personnes, l’accès leur avait été refusé par la PAF de Montgenèvre puis par la préfecture des Hautes-Alpes. Saisi de ce refus, le tribunal administratif de Marseille avait alors demandé à l’administration de réexaminer la demande d’accès des associations dans ces locaux où les personnes sont placées sous la contrainte de la police aux frontières. Il s’est en outre prononcé sur cette pratique de privation de liberté à la frontière franco-italienne, organisée par l’État français.)
Nous devons réagir.
Tout de suite.
Et ensemble.