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8 février 2021

Le Parlement européen lance enfin une enquête sur Frontex

Voilà bientôt un an que je le demandais : ça y est ! Enfin, le Parlement européen hausse le ton face aux violences, aux refoulements illégaux, qui se multiplient à l’égard des migrant.e.s à nos frontières. Enfin, le Parlement lance une enquête approfondie sur ces violations intolérables des droits humains.**

DE QUELLE ENQUETE S’AGIT-IL EXACTEMENT ?

Une majorité de députés de la commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE) ont convenu de lancer une enquête sur Frontex dans le cadre d’un groupe de travail spécifique, afin d'examiner en profondeur les allégations d’implications de l’agence dans les refoulements illégaux aux frontières de l’UE. Une investigation sera menée, rassemblant toutes les informations nécessaires au sujet de ces violations des droits humains. Le rapport final contiendra également des recommandations.

Il était temps que le Parlement réagisse, car les preuves de refoulements illégaux se multiplient et les auditions menées jusqu’à présent dans les commissions parlementaires n’y ont rien changé. Il faut agir. Enquêter. Sanctionner. Ne pas laisser faire. Ne surtout pas tolérer que des agences de l’UE, ni quiconque, puisse agir en dehors de la loi et contre les valeurs européennes. Contre le droit international. 

J’ai un regret toutefois sur cette enquête : elle se limite à faire la lumière sur l’implication de l’agence européenne de garde-frontièresFRONTEX, dans ces agissements. C’est indispensable, mais c’est insuffisant : les violences envers les personnes migrantes ne concernent pas uniquement Frontex ni nos seules frontières extérieures. Il faudra une enquête plus large. Aussi sur les agissements des forces de l’ordre nationales. Aussi sur les refoulements aux frontières à l’intérieur de l’Union européenne. 

Je suis témoin des agissements honteux de la police française à la frontière franco-italienne par exemple. A Montgenèvre, les personnes qui traversent les Alpes dans des conditions extrêmement dangereuses sont parfois immédiatement refoulées vers l’Italie, sans avoir le temps de déposer une demande d’asile conformément au droit international. Les bénévoles et associations qui tentent de leur porter secours sont verbalisés et entravés dans leurs efforts. Cette enquête doit donc être un premier pas vers la protection des chercheur.se.s de refuge partout à travers l’Europe. Un point de départ pour restaurer la dignité et l’humanité de l’UE. Car les refoulements sont illégaux, où qu’ils aient lieu ; la Pologne et la Hongrie ne sont pas les seuls États membres à ne pas respecter l’État de droit !