Pour nouveau tour de garde des Maraudes Solidaires, c’est Michèle Rivasi, députée européenne qui s’est rendue à Montgenèvre. Dès son arrivée, elle a rejoint les bénévoles des associations Tous Migrants et Médecins du Monde, pour être à leurs côtés lors de cette maraude de fin de journée, lors d'une nuit de grand froid.
« Samedi 27 : la situation de ce début de soirée est tendue. Il fait un froid glacial, le vent souffle. Je porte une double paire de moufles, un bonnet…
dans la neige, les conditions sont extrêmes : même emmitouflée dans des vêtements chauds, j’ai froid. J’imagine l’enfer auquel sont confronté·e·s les exilé·e·s qui marchent dans la montagne : comment survivre à cela ?
Une famille afghane vient d'arriver. Alors que les bénévoles de Médecins du Monde tentent de vérifier l’état de santé des enfants : un bébé de 4 mois et un petit garçon de 3 ans, les forces de l’ordre les interpellent et leur demandent leurs documents d’identité.
Les agents téléphonent alors à la préfecture et font état de ma présence, de notre présence.
Les bénévoles de Médecins du Monde expliquent une énième fois l’impérieuse nécessité d’emmener la famille, les enfants notamment, à l’hôpital de Briançon : ces gens viennent de traverser la montagne, dans la neige ; il fait nuit, ce tout petit bébé a besoin d’être examiné… il faut évidemment vérifier qu’il n’a pas pris froid.
Finalement - la présence de parlementaires n’y est pas du tout pour rien, la situation se débloque : les bénévoles sont autorisés à emmener la famille se faire soigner. Je les accompagne jusqu’à l’hôpital.
Ensuite, nous remontons directement à Montgenèvre. Il est alors 22 heures, je me rends au poste frontière. Je demande à visiter les locaux : la mise à l’abri, les cellules.
Je demande pourquoi la question de l’asile n’est pas abordée lorsque des exilé·e·s sont entendu·e·s… « Il n’est pas question d’aborder la question de la demande d’asile ici » me répond-on. Pour plus de précisions, on me suggère de m’adresser à la préfecture.
J’évoque alors sans détour les textes de loi. Je cite notamment l’arrêté du Conseil d’État de juillet 2020 qui confirme bien que oui, quoi que les forces de l’ordre en disent, les exilé·e·s peuvent annoncer qu’elles, ils demandent l’asile à leur arrivée au poste-frontière.
Est-ce que la répression, la militarisation à outrance règlent cette situation indigne et insoutenable ? Non.
A Montgenèvre, les effectifs policiers ont été renforcés, les moyens de surveillance également. Les systèmes de vue, notamment ont été développés : les forces de l’ordre disposent désormais de jumelles thermiques. Et pourtant…
Cette première maraude nocturne s’achève. Je me prépare à enchaîner avec celle du lendemain matin, en plein jour cette fois certes, mais dans les mêmes conditions de froid.
Ce que je constate : depuis 2019, date de ma précédente venue à Montgenèvre, la situation a changé. En cet hiver 2021, je peux témoigner qu’une véritable chasse à l’homme est désormais organisée. De plus en plus de forces surveillent, contrôlent… et refoulent.
Les équipements sont de plus en plus sophistiqués.
Les lois sont sans arrêt contournées.
La réalité est terrible : ce qu’il se passe à la frontière franco-italienne est une situation de non droit.
C’est infernal. Absurde.
Les exilé·e·s prennent de plus en plus de risques.
Les droits humains sont bafoués.
Le droit, les conventions internationales, ne sont pas respectées.
Député Européen Verts / ALE**,
Président de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants.
Damien Carême est né en Lorraine.
Il est élu maire de Grande-Synthe, dans le Nord, en 2001 et le reste jusqu’en mai 2019, date à laquelle il entre au Parlement européen.
Durant 18 ans, à Grande-Synthe, il mène une politique mue par l’écologie sociale et transforme ainsi radicalement la ville. Capitale française de la biodiversité en 2010, Grande-Synthe voit naître des jardins partagés, des quartiers totalement repensés, des repas 100% bio et locaux dans toutes les cantines, une démarche d’autonomie alimentaire, des transports en commun gratuits, un minimum social garanti (MSG) pour les habitants vivant sous le seuil de pauvreté, une université populaire, des ateliers de fabrique de l’autonomie… Un objectif, clair : créer du sens commun et véritablement entrer « en transition ».
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud. * Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Fin 2015, le conflit syrien pousse à l’exil des milliers de personnes. A Grande-Synthe, ces femmes, ces hommes et ces enfants réfugié.e.s arrivent et stagnent dans des conditions indignes : Damien Carême, contre l’avis de l’Etat, réagit et avec l’aide de Médecins Sans Frontière, met en place le premier camp humanitaire sur le territoire français. Dans la foulée, il fonde l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants, qu’il co-préside aujourd'hui avec Jeanne Barseghian.
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud.
Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Et le 1er juillet 2021 ? Ce jour-là, Damien Carême vit une victoire majeure : dans la matinée, le Conseil d’État rend en effet un arrêt historique dans lequel il sanctionne le gouvernement pour inaction climatique et l’enjoint à prendre, dans un délai de neuf mois, « toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre produites sur le territoire national afin d’assurer sa compatibilité avec les objectifs » du pays. Si cette victoire est un pas de géant pour le climat ainsi qu’un véritable séïsme judiciaire, elle est également la concrétisation de la lutte d’un homme qui, un jour de novembre 2018, avait entamé, seul contre l’État, un recours pour inaction climatique. Impossible pour lui de se résoudre à laisser aux générations futures un monde invivable… »
- Président de l'Association des Maires Ville & Banlieue de France en 2014-2015
- Prix Nord/Sud du Conseil de l'Europe en 2018
- Prix Éthique et Société, avec Mention Spéciale du Jury, de la fondation Pierre Simon en 2016
- 9e "Meilleur maire du monde", décerné par la City Mayor Fondation en 2016
- 2016, « On ne peut rien contre la volonté d’un homme » (éd. Stock), livre écrit avec Maryline Baumard