Ce n’était pas n’importe quel samedi de novembre : c’était samedi 13 novembre, et nous avons été des centaines, d’un bout à l’autre de France, à marcher ensemble pour apporter notre soutien aux personnes exilées. Nous avons été des centaines, en même temps à Briançon et à Calais, à marcher pour dire stop aux traitements inhumains que des femmes, des hommes, des enfants, subissent sans relâche. Nous avons été des centaines à marcher pour demander qu’enfin, les droits humains soient respectés dans notre pays.
J’étais à Calais.
J’ai manifesté aux côtés des Solidaires, des citoyen·ne·s, des bénévoles, des associations, des élu·e·s : toutes celles et tous ceux qui, au plus près des réfugié·e·s depuis des jours, des nuits, parfois une vie, se démènent pour soutenir, pour épauler, pour nourrir, pour soigner, pour réchauffer, pour accompagner celles et ceux qui arrivent, épuisé·e·s.
Soutenir.
Épauler.
Nourrir.
Soigner.
Réchauffer.
Accompagner.
Tout ça, en un mot, c’est l’humanité. La nôtre, celle chevillée à notre ADN humain, celle sans qui nous ne serions rien. Tout ça, tous ces mots qui nous honorent, c’est nous : sûrement notre arme la plus puissante pour ne pas laisser s’installer dans notre pays, et partout en Europe, le décor ignoble que les extrêmes tentent d’imposer avec leur rhétorique à vomir et leurs phrases qui ne parlent que de rejet, de haine, de suffisance et du mépris de tout, jusqu’à la dignité.
Ce n’est pas ça, la France.
Nous ne sommes pas ça.
À Calais, samedi, je pouvais sentir le pouls de la fraternité. Elle est bien vivante !
- À l’intérieur de l’église Saint-Pierre, où Anaïs Vogel et Ludovic Holbein en étaient alors à leur 34e jour de grève de la faim, là également où le Père Philippe Demeestère les a accompagnés jusqu’au 5 novembre dernier
- Dans les rues de la ville où près de 800 personnes marchaient en clamant leur solidarité, leur dégoût de la haine et leur révolte de voir l’État s’acharner sur des vies déjà à bout de tout.
À Calais, samedi, c’était la chaleur qui comptait : celle qui réchauffe dans la dignité, celle qui panse doucement les plaies, celle qui ouvre la porte des possibles, celle, finalement très simple, à laquelle nous avons toutes et tous droit, sans distinction, ni conditions. La chaleur inhérente à nos droits humains.
Je l’explique lors de chacune de mes prises de parole au Parlement européen, et je continuerai : personne ne traverse aucun continent à pied, après avoir tout quitté, par plaisir ou par opportunisme, non. Celles et ceux qui arrivent aux confins de notre pays ont été poussé·e·s là par l’instinct de survie. Nous ? Le moins que nous puissions faire, c’est les recevoir en humains.
J’ai tellement honte : de la militarisation des frontières (qui écorche et ne sert à rien), des murs érigés (qui condamnent et ne servent à rien), de la boue, des pillages d’effets personnels, des traitements barbares et des barbelés (qui torturent et ne servent à rien), du soi-disant délit d’appel d’air … qui n’existe pas.
Je soutiens les personnes exilées.
Je soutiens les Solidaires.
Les traitements inhumains doivent cesser.
Les droits humains doivent être respectés : c’est la loi.
© photos : Octave Plessis et Julia Druelle
Député Européen Verts / ALE**,
Président de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants.
Damien Carême est né en Lorraine.
Il est élu maire de Grande-Synthe, dans le Nord, en 2001 et le reste jusqu’en mai 2019, date à laquelle il entre au Parlement européen.
Durant 18 ans, à Grande-Synthe, il mène une politique mue par l’écologie sociale et transforme ainsi radicalement la ville. Capitale française de la biodiversité en 2010, Grande-Synthe voit naître des jardins partagés, des quartiers totalement repensés, des repas 100% bio et locaux dans toutes les cantines, une démarche d’autonomie alimentaire, des transports en commun gratuits, un minimum social garanti (MSG) pour les habitants vivant sous le seuil de pauvreté, une université populaire, des ateliers de fabrique de l’autonomie… Un objectif, clair : créer du sens commun et véritablement entrer « en transition ».
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud. * Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Fin 2015, le conflit syrien pousse à l’exil des milliers de personnes. A Grande-Synthe, ces femmes, ces hommes et ces enfants réfugié.e.s arrivent et stagnent dans des conditions indignes : Damien Carême, contre l’avis de l’Etat, réagit et avec l’aide de Médecins Sans Frontière, met en place le premier camp humanitaire sur le territoire français. Dans la foulée, il fonde l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants, qu’il co-préside aujourd'hui avec Jeanne Barseghian.
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud.
Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Et le 1er juillet 2021 ? Ce jour-là, Damien Carême vit une victoire majeure : dans la matinée, le Conseil d’État rend en effet un arrêt historique dans lequel il sanctionne le gouvernement pour inaction climatique et l’enjoint à prendre, dans un délai de neuf mois, « toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre produites sur le territoire national afin d’assurer sa compatibilité avec les objectifs » du pays. Si cette victoire est un pas de géant pour le climat ainsi qu’un véritable séïsme judiciaire, elle est également la concrétisation de la lutte d’un homme qui, un jour de novembre 2018, avait entamé, seul contre l’État, un recours pour inaction climatique. Impossible pour lui de se résoudre à laisser aux générations futures un monde invivable… »
- Président de l'Association des Maires Ville & Banlieue de France en 2014-2015
- Prix Nord/Sud du Conseil de l'Europe en 2018
- Prix Éthique et Société, avec Mention Spéciale du Jury, de la fondation Pierre Simon en 2016
- 9e "Meilleur maire du monde", décerné par la City Mayor Fondation en 2016
- 2016, « On ne peut rien contre la volonté d’un homme » (éd. Stock), livre écrit avec Maryline Baumard