la sobriété
Nous sommes loin de partager l’enthousiasme de la présidente de la Commission européenne. L’hydrogène n’est pas la “solution miracle” tant espérée. Pire, il éclipse la véritable urgence : la sobriété. L’hydrogène, c’est le nouveau mantra des tenants du statu quo. Une “nouvelle” énergie qui permettrait de n’interroger ni nos infrastructures,ni nos modes de production et de consommation, ni leurs impacts sur le vivant. Bref, la formule magique pour feindre de tout changer pour que rien ne change.
Sans efficacité énergétique, sans rénovation massive des bâtiments, sans remise en question de nos usages, il n’y aura pas de transition écologique
Pourtant, sans efficacité énergétique, sans rénovation massive des bâtiments, sans remise en question de nos usages, il n’y aura pas de transition écologique. Le Parlement européen a adopté le 14 septembre sa version des objectifs que devrait poursuivre l’Union en termes d’efficacité énergétique. Il est crucial que les Etats s’accordent sur les mêmes ambitions, et surtout, mettent en place les politiques publiques pour atteindre ces objectifs. Permettre à chaque européenne et à chaque européen de vivre dans des conditions décentes de logement, et de se chauffer correctement, est un enjeu particulièrement urgent, alors que l’hiver qui s’annonce verra s’aggraver les situations de précarité énergétique pour de nombreux foyers.
Atteindre la neutralité climatique en 2050 nécessitera le recours à l’hydrogène vert. C’est une des solutions pour la décarbonation de notre économie. Mais avant de pouvoir développer son usage à une échelle industrielle, il est nécessaire d'accroître les investissements dans la recherche pour améliorer des rendements énergétiques qui aujourd'hui ne sont pas satisfaisants. Il est également impératif au préalable d’investir massivement dans des infrastructures d’énergies renouvelables qui puissent répondre aux besoins des territoires. Pour être efficace et socialement accepté, le développement des renouvelables doit, en effet, être décentralisé et passer par un maillage équilibré des territoires, et idéalement prévoir des infrastructures à l’échelle des communautés qui en bénéficieront.
Nous appelons la Commission européenne à revoir ses priorités, et à faire de l’hydrogène non pas la, mais l’une des composantes de la décarbonation pour engager l’Union sur la voie de l’indépendance énergétique, de la transition juste et de la neutralité carbone.