Le Secrétariat Général des Affaires Européennes, sous l’autorité du Premier ministre, est chargé de garantir la cohérence et l’unité de la position française au sein de l’Union européenne. A ce titre, il envoie régulièrement aux députés européens français la position du gouvernement sur tel ou tel rapport. L’objectif ? Défendre ce que le gouvernement pense être l’intérêt de la France. Libres aux députés de suivre ou non cette forme de lobby.
En désaccord avec la politique menée par le Président Macron, il m’arrive assez rarement de considérer ce qu’il défend comme étant les intérêts de la France, de mes concitoyen.ne.s et même de la planète. J’y prête donc une attention relative. Sauf quand, comme aujourd’hui, le SGAE pratique un lobbying féroce et envoie aux députés de la Commission LIBE – commission dont je suis membre, à quelques heures de la présentation d’amendements, un texte qui défend la rétention des chercheurs de refuge. Un texte qui va à l’encontre de l’intérêt supérieur de l’enfant, à l’encontre de la solidarité, à l’encontre de l’humanité !
Les faits :
Le SGAE a fait parvenir aux députés français 4 pages dans lesquelles il attaque le rapport de ma collègue verte néerlandaise Tineke Strik, rapport qui porte sur la révision de la directive encadrant les retours de personnes migrantes. Dans ce courrier, le gouvernement défend l’usage de la rétention. Il considère qu’elle ne doit pas être systématiquement une solution de dernier ressort. Il veut, la France veut, en généraliser la pratique, en dépit des atteintes aux droits fondamentaux et des alertes lancées par les Nations-Unies sur la détention arbitraire. Rappelons-le : la rétention dans ce cadre est une pratique odieuse, qui vise à enfermer des personnes qui ont pour seul tort d’avoir dû fuir leur pays.
Pire, 2 pages plus loin, le gouvernement français indique qu’il estime nécessaire d’enfermer également les familles ! C’est contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant, et les conséquences psychologiques sur les enfants enfermés, même moins de 24h, sont largement documentées.
Les conséquences :
Outre ces demandes honteuses, cette intervention du gouvernement français dans le processus législatif du Parlement européen met en péril les compromis trouvés entre groupes politiques au prix de longues heures de négociations.
Ce n’est pas une erreur. Le gouvernement français choisit délibérément de mettre en péril les négociations au sein du Parlement européen afin de « au mieux » y faire inclure des amendements honteux, « au pire », d’en bloquer purement et simplement le vote. Exactement comme la révision de Dublin a été bloquée par les États membres pendant plus de 3 ans !
La situation des chercheurs de refuge est dramatique, comme on le voit à Moria, à Calais et ailleurs, mais la France et les États membres jouent à bloquer les négociations plutôt qu’à trouver des solutions.
Emmanuel Macron et le gouvernement français ne couvrent pas le feu, ils l'attisent.
Député Européen Verts / ALE**,
Président de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants.
Damien Carême est né en Lorraine.
Il est élu maire de Grande-Synthe, dans le Nord, en 2001 et le reste jusqu’en mai 2019, date à laquelle il entre au Parlement européen.
Durant 18 ans, à Grande-Synthe, il mène une politique mue par l’écologie sociale et transforme ainsi radicalement la ville. Capitale française de la biodiversité en 2010, Grande-Synthe voit naître des jardins partagés, des quartiers totalement repensés, des repas 100% bio et locaux dans toutes les cantines, une démarche d’autonomie alimentaire, des transports en commun gratuits, un minimum social garanti (MSG) pour les habitants vivant sous le seuil de pauvreté, une université populaire, des ateliers de fabrique de l’autonomie… Un objectif, clair : créer du sens commun et véritablement entrer « en transition ».
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud. * Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Fin 2015, le conflit syrien pousse à l’exil des milliers de personnes. A Grande-Synthe, ces femmes, ces hommes et ces enfants réfugié.e.s arrivent et stagnent dans des conditions indignes : Damien Carême, contre l’avis de l’Etat, réagit et avec l’aide de Médecins Sans Frontière, met en place le premier camp humanitaire sur le territoire français. Dans la foulée, il fonde l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants, qu’il co-préside aujourd'hui avec Jeanne Barseghian.
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud.
Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Et le 1er juillet 2021 ? Ce jour-là, Damien Carême vit une victoire majeure : dans la matinée, le Conseil d’État rend en effet un arrêt historique dans lequel il sanctionne le gouvernement pour inaction climatique et l’enjoint à prendre, dans un délai de neuf mois, « toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre produites sur le territoire national afin d’assurer sa compatibilité avec les objectifs » du pays. Si cette victoire est un pas de géant pour le climat ainsi qu’un véritable séïsme judiciaire, elle est également la concrétisation de la lutte d’un homme qui, un jour de novembre 2018, avait entamé, seul contre l’État, un recours pour inaction climatique. Impossible pour lui de se résoudre à laisser aux générations futures un monde invivable… »
- Président de l'Association des Maires Ville & Banlieue de France en 2014-2015
- Prix Nord/Sud du Conseil de l'Europe en 2018
- Prix Éthique et Société, avec Mention Spéciale du Jury, de la fondation Pierre Simon en 2016
- 9e "Meilleur maire du monde", décerné par la City Mayor Fondation en 2016
- 2016, « On ne peut rien contre la volonté d’un homme » (éd. Stock), livre écrit avec Maryline Baumard