7 femmes. 17 hommes. 3 jeunes « pouvant être des adolescents » : 2 garçons et 1 fille.
27 vies.
27 vies noyées dans le désespoir et l’horreur.
27 vies arrachées à leurs familles, atomisées par la tragédie.
Alors que les morts s’entassent sur la plage, la nausée nous envahit. Elle retourne nos tripes.
La nausée. Celle-là même qui, ce matin, lorsque le Ministre Darmanin tapait sur les passeurs, annonçait un arsenal de renforts et présentait ses condoléances « aux proches des victimes », révélait de façon certaine la manipulation effroyable : le drame, c’est précisément lui et le gouvernement d’Emmanuel Macron qui l’orchestrent. Jour après jour, sciemment. Ce sont eux qui militarisent à tout va, ce sont eux qui harcèlent les Solidaires et brutalisent les exilé·e·s, ce sont eux qui lacèrent les tentes, eux qui chassent, séparent, violentent, laissent croupir des femmes, des hommes, des bébés, des vieillards, des adolescents dans le froid, la boue et la misère la plus ignoble.
Ce sont eux qui créent le système qui permet aux passeurs d’exister.
Ce sont eux qui entretiennent à l’égard des exilé·e·s, le vocabulaire de la haine.
Ce matin, notre pays des droits humains s’est réveillé le visage inondé de larmes et de colère aussi : car plus personne n’est dupe.
Ce qui a tué hier soir, c’est l’inhumanité des puissants. Leur cynisme dégoutant. Leur rejet. Leur électoralisme. Le business as usual de l’extrême-droite, récupéré par ces sombres sires simplement désireux de se faire réélire.
Hier soir, pourtant, comme tous les soirs : des associations, des ONG de terrain, des bénévoles, des citoyens et des citoyennes solidaires étaient à pied d’œuvre. Au bord de l’eau sur les côtes de la Manche, dans les dunes, dans les rues de Calais, Dunkerque, Ouistreham, dans les villes, partout, d’un bout à l’autre de France, de la frontière franco-espagnole au pays basque jusqu’aux sommets des montagnes de la frontière franco-italienne : hier soir, oui, beaucoup tentaient de réchauffer les exilé·e·s. Beaucoup tentaient malgré tous les bâtons mis dans leurs roues, de prendre soin, de panser, de nourrir autant que possible, d’essuyer les larmes.
Hier soir, comme depuis tant de soirs, tant de jours, de semaines, de mois et d’années, ces citoyennes et ces citoyens alertaient, suppliant les dirigeants d’agir, par humanité. Juste par humanité.
Et hier soir, comme tous les autres soirs, ces mêmes dirigeants - technocrates de ministères et autres pontes de cabinets ministériels, ont fait la sourde oreille.
Pendant qu’ils ignoraient les appels à l’aide, la mort a frappé.
Ma rage, aujourd’hui, égale ma tristesse.
Le drame d’hier soir aurait pu être évité.
D’autres surviendront encore si rien ne change.
Et je vous le dis, lorsque ces autres drames surviendront, ces dirigeants-là feront encore semblant de pleurer.
Je refuse d’être complice. Si mes larmes, nos larmes, aujourd’hui noient douloureusement notre âme, nous sommes là pour hurler notre peine et dire, encore et encore, que OUI les solutions existent :
Cesser de nourrir le rejet, de jouer avec les peurs et les mots de haine.
Cesser les violences et la militarisation.
Respecter les droits humains, et les textes fondateurs de notre société humaine.
Mettre fin à la directive de Dublin.
Instaurer des voies légales de migration vers le Royaume-Uni : cette décision démantèlera de fait les réseaux de passeurs.
Accueillir dignement les êtres humains qui sont là, qui arrivent, qui arriveront encore pour sauver leur vie et parce qu’ils n’auront eu aucun autre choix.
Soutenir la solidarité.
La nuit dernière, c’est leur cynisme qui a tué.
La nuit dernière, les corps de leurs victimes flottaient à la surface de leur inhumanité.
Député Européen Verts / ALE**,
Président de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants.
Damien Carême est né en Lorraine.
Il est élu maire de Grande-Synthe, dans le Nord, en 2001 et le reste jusqu’en mai 2019, date à laquelle il entre au Parlement européen.
Durant 18 ans, à Grande-Synthe, il mène une politique mue par l’écologie sociale et transforme ainsi radicalement la ville. Capitale française de la biodiversité en 2010, Grande-Synthe voit naître des jardins partagés, des quartiers totalement repensés, des repas 100% bio et locaux dans toutes les cantines, une démarche d’autonomie alimentaire, des transports en commun gratuits, un minimum social garanti (MSG) pour les habitants vivant sous le seuil de pauvreté, une université populaire, des ateliers de fabrique de l’autonomie… Un objectif, clair : créer du sens commun et véritablement entrer « en transition ».
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud. * Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Fin 2015, le conflit syrien pousse à l’exil des milliers de personnes. A Grande-Synthe, ces femmes, ces hommes et ces enfants réfugié.e.s arrivent et stagnent dans des conditions indignes : Damien Carême, contre l’avis de l’Etat, réagit et avec l’aide de Médecins Sans Frontière, met en place le premier camp humanitaire sur le territoire français. Dans la foulée, il fonde l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants, qu’il co-préside aujourd'hui avec Jeanne Barseghian.
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud.
Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Et le 1er juillet 2021 ? Ce jour-là, Damien Carême vit une victoire majeure : dans la matinée, le Conseil d’État rend en effet un arrêt historique dans lequel il sanctionne le gouvernement pour inaction climatique et l’enjoint à prendre, dans un délai de neuf mois, « toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre produites sur le territoire national afin d’assurer sa compatibilité avec les objectifs » du pays. Si cette victoire est un pas de géant pour le climat ainsi qu’un véritable séïsme judiciaire, elle est également la concrétisation de la lutte d’un homme qui, un jour de novembre 2018, avait entamé, seul contre l’État, un recours pour inaction climatique. Impossible pour lui de se résoudre à laisser aux générations futures un monde invivable… »
- Président de l'Association des Maires Ville & Banlieue de France en 2014-2015
- Prix Nord/Sud du Conseil de l'Europe en 2018
- Prix Éthique et Société, avec Mention Spéciale du Jury, de la fondation Pierre Simon en 2016
- 9e "Meilleur maire du monde", décerné par la City Mayor Fondation en 2016
- 2016, « On ne peut rien contre la volonté d’un homme » (éd. Stock), livre écrit avec Maryline Baumard