Eaux contaminées de Fukushima : l'Union européenne aux abonnés absents
Alors que les experts des droits humains de l'ONU viennent de demander au gouvernement japonais de retarder toute décision sur le déversement en mer des eaux contaminées, l'Union européenne est absente sur cette question sanitaire majeure, malgré les demandes écrites des eurodéputé-e-s Michèle RIVASI et Damien CARÊME à la Commission européenne.
Damien CARÊME, député européen Verts/ALE, commente :
« L'Union européenne et toute la communauté internationale doivent s'impliquer pour que le Japon choisisse l'option la plus respectueuse de l’environnement. Il s'agit de protéger notre santé, la biodiversité, nos océans. Je déplore la réponse insuffisante de la Commission européenne à notre interpellation écrite.
Nous appelons à la création d'un groupe de scientifiques indépendants chargés d'analyser la robustesse des méthodes d'analyse de l'opérateur japonais TEPCO afin de connaitre l'activité réelle des cuves et le niveau de contamination du milieu marin au large de Fukushima.
Au-delà du Japon, il y a aussi du poison qui commence à se libérer en mer du Nord en raison des munitions chimiques immergées datant des guerres mondiales. J'attends toujours la réponse de Madame Borne à mon courrier l'alertant sur ce phénomène et le manque d'action de la France pour le prévenir. »
Michèle RIVASI, députée européenne Verts/ALE, commente :
« Il est hors de question que de l’eau contaminée soit rejetée dans ce bien commun qu'est l’océan! L'Union européenne est malheureusement peu investie sur ce sujet qui représente pourtant un risque sanitaire majeur. En réponse à notre question écrite[1], la Commission européenne nous a dit s'appuyer sur les seules données des autorités japonaises et le récent examen de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) qui soutient le rejet en mer ou dans l'air[2]. La Commission conclut qu'elle attend la décision japonaise finale pour "évaluer s’il est nécessaire de prendre des mesures supplémentaires pour garantir la sécurité des aliments importés du Japon."[3] C'est largement insuffisant !
Je soutiens sans réserve la demande de l'ONU de retarder toute décision sur le déversement des eaux contaminées par le Japon. 45 pays dans le monde, dont la France, ont une côte sur l'Océan Pacifique. L'Etat japonais ne peut décider seul de l'avenir de ces eaux. La Commission européenne doit emboîter le pas de l'ONU et peser de tout son poids diplomatique pour stopper le déversement envisagé. Comme la convention OSPAR pour l’Atlantique du Nord-Est, il est grand temps d’avoir un accord international qui oblige des rejets de substances radioactives liquides à des niveaux proches de zéro dans le Pacifique. »
Contexte:
Le 23 décembre 2019, le ministère japonais de l’économie, du commerce et de l’industrie a proposé de libérer progressivement dans l’océan l’eau contaminée stockée sur le site de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima Daiichi, ou de lui permettre de s’évaporer, affirmant qu’un déversement contrôlé dans la mer «la diluerait et la disperserait de manière stable»[4].
TEPCO, l’exploitant de la centrale, avait reconnu la présence d’éléments radioactifs à des niveaux potentiellement nuisibles à la santé[5]. Mais d’un autre côté, le gouvernement japonais refuse toute mesure indépendante de l’eau qu’il souhaite rejeter dans l’océan[6].
Le 9 juin 2020, des experts de l'ONU se sont inquiétés du nouveau processus de décision accélérée décidé par le gouvernement japonais pour le rejet des eaux usées radioactive. Les experts appellent le gouvernement à donner l'espace nécessaire pour des consultations. Ils réclament également de respecter le droit des peuples autochtones à un consentement préalable, libre et éclairé[7].
En 2018, les experts des Nations Unies avaient déjà fait part de leurs préoccupations concernant l'augmentation des niveaux d'exposition aux radiations jugés "acceptables" pour le grand public, et l'utilisation de travailleurs vulnérables dans les efforts de nettoyage après la catastrophe nucléaire.
[1] https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2020-000373_FR.html
[3] https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/E-9-2020-000373-ASW_FR.html
[4] https://apnews.com/e60f93b7f7de2ff7b5b015fb5167dd9b
[5] https://www.challenges.fr/monde/fukushima-tepco-reconnait-que-l-eau-stockee-est-radioactive_618729
[7] https://www.ohchr.org/EN/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=25940&LangID=E
Député Européen Verts / ALE**,
Président de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants.
Damien Carême est né en Lorraine.
Il est élu maire de Grande-Synthe, dans le Nord, en 2001 et le reste jusqu’en mai 2019, date à laquelle il entre au Parlement européen.
Durant 18 ans, à Grande-Synthe, il mène une politique mue par l’écologie sociale et transforme ainsi radicalement la ville. Capitale française de la biodiversité en 2010, Grande-Synthe voit naître des jardins partagés, des quartiers totalement repensés, des repas 100% bio et locaux dans toutes les cantines, une démarche d’autonomie alimentaire, des transports en commun gratuits, un minimum social garanti (MSG) pour les habitants vivant sous le seuil de pauvreté, une université populaire, des ateliers de fabrique de l’autonomie… Un objectif, clair : créer du sens commun et véritablement entrer « en transition ».
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud. * Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Fin 2015, le conflit syrien pousse à l’exil des milliers de personnes. A Grande-Synthe, ces femmes, ces hommes et ces enfants réfugié.e.s arrivent et stagnent dans des conditions indignes : Damien Carême, contre l’avis de l’Etat, réagit et avec l’aide de Médecins Sans Frontière, met en place le premier camp humanitaire sur le territoire français. Dans la foulée, il fonde l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants, qu’il co-préside aujourd'hui avec Jeanne Barseghian.
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud.
Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Et le 1er juillet 2021 ? Ce jour-là, Damien Carême vit une victoire majeure : dans la matinée, le Conseil d’État rend en effet un arrêt historique dans lequel il sanctionne le gouvernement pour inaction climatique et l’enjoint à prendre, dans un délai de neuf mois, « toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre produites sur le territoire national afin d’assurer sa compatibilité avec les objectifs » du pays. Si cette victoire est un pas de géant pour le climat ainsi qu’un véritable séïsme judiciaire, elle est également la concrétisation de la lutte d’un homme qui, un jour de novembre 2018, avait entamé, seul contre l’État, un recours pour inaction climatique. Impossible pour lui de se résoudre à laisser aux générations futures un monde invivable… »
- Président de l'Association des Maires Ville & Banlieue de France en 2014-2015
- Prix Nord/Sud du Conseil de l'Europe en 2018
- Prix Éthique et Société, avec Mention Spéciale du Jury, de la fondation Pierre Simon en 2016
- 9e "Meilleur maire du monde", décerné par la City Mayor Fondation en 2016
- 2016, « On ne peut rien contre la volonté d’un homme » (éd. Stock), livre écrit avec Maryline Baumard