Le parlement européen, qui dispose du droit exclusif d’approuver la mise en œuvre du budget des institutions et des agences européennes, a rejeté aujourd’hui l’octroi de la décharge budgétaire 2020 à l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, FRONTEX.
Déclaration de Damien CARÊME, eurodéputé EELV, en charge des questions de migration :
« En passant sous silence des violations des droits humains et en laissant faire des autorités nationale, Frontex s’est rendu activement coupable de violation du droit international et européen. Il était temps de mettre un terme à ces dérives et d’envoyer un signal fort. C’est que vient de faire le Parlement européen en ayant eu le courage politique d’utiliser le levier budgétaire pour dénoncer les agissements illégaux et inhumains de FRONTEX. Refuser d’octroyer la décharge à l’agence Frontex, c’est refuser de cautionner ses agissements illégaux qui privent les exilé·es de leur droit d’asile et mettent des vies en danger.
Dès 2020, nous, eurodéputé·es écologistes, n’avons cessé de dénoncer les agissements illégaux et inhumains de Frontex dont nous contestons par ailleurs l’existence même. Nous avons notamment relayé sans relache les rapports et les enquêtes qui révélaient l’implication de l’agence dans des "refoulements" illégaux de chercheur·euses de refuge en Méditerranée (*).
Malgré les alertes et les mises en garde, la Commission européenne n’a jamais eu la volonté politique d’agir. Il aura fallu attendre l’enquête de l’Office européen de la lutte anti-fraude (OLAF) (**) accablant Leggeri pour que soient enfin reconnues les pratiques illégales de l’agence sans pour autant résoudre les problèmes structurels la concernant. Ce rapport, bien que censuré en partie, révèle une agence gangrénée par les préjugés, l’opacité, la méfiance envers sa propre unité en charge des droits fondamentaux et une profonde animosité envers les ONG et les élu·es humanistes (***).
Avec un budget de près de 800 millions d’euros en 2022 - une augmentation de plus de 200 millions d’euros par rapport à l’an dernier -Frontex est l’agence européenne la mieux dotée financièrement. Nous ne pouvons tolérer plus longuement que cet argent public serve à violer la législation européenne et le droit international. À grand budget, grandes responsabilités : en plus de mener urgemment les réformes structurelles réclamées par le Parlement européen dans son rapport de décharge 2019 et de remédier aux atteintes aux droits humains (harcèlement, mauvaises conduites et refoulements de chercheur·euses de refuge) signalés par (OLAF), l’Agence doit agir avec plus de transparence et cesser de mépriser les demandes légitimes formulées par les député·es européen·nes.
Notre responsabilité, celle de Frontex, est de veiller au respect de l’État de droit et aux valeurs d’humanité et de solidarité non d’infliger plus de douleurs encore à ceux et celles qui fuient la misère et la guerre. »
(*) C’est à l’initiative des Verts-ALE, que la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures du Parlement européen a auditionné son directeur, Fabrice Leggeri.
Les Verts/ALE ont réclamé pendant deux ans la destitution de ce dernier en raison de l’implication de l’agence dans des refoulements illégaux aux frontières européennes et de ses dysfonctionnements.
Nous avons été également les premiers à réclamer une enquête de la Commission européenne et la mise en place d’une commission d’enquête du Parlement européen.
(**) Le 29 avril 2022, le directeur de l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (FRONTEX), Fabrice Leggeri, a démissionné suite à l’enquête accablante de l’OLAF portant notamment sur des cas présumés illégaux de refoulement de chercheur·euses de refuge.
Le 4 mai 2022, le parlement réuni en plénière, décide de reporter le vote sur la décharge de FRONTEX à octobre.
(***) Le rapport de l’OLAF a fait l’objet d’une fuite et a été publié le 13 octobre par Lighthouse Reports, Der Spiegel et FragDenStaat.de.
Député Européen Verts / ALE**,
Président de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants.
Damien Carême est né en Lorraine.
Il est élu maire de Grande-Synthe, dans le Nord, en 2001 et le reste jusqu’en mai 2019, date à laquelle il entre au Parlement européen.
Durant 18 ans, à Grande-Synthe, il mène une politique mue par l’écologie sociale et transforme ainsi radicalement la ville. Capitale française de la biodiversité en 2010, Grande-Synthe voit naître des jardins partagés, des quartiers totalement repensés, des repas 100% bio et locaux dans toutes les cantines, une démarche d’autonomie alimentaire, des transports en commun gratuits, un minimum social garanti (MSG) pour les habitants vivant sous le seuil de pauvreté, une université populaire, des ateliers de fabrique de l’autonomie… Un objectif, clair : créer du sens commun et véritablement entrer « en transition ».
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud. * Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Fin 2015, le conflit syrien pousse à l’exil des milliers de personnes. A Grande-Synthe, ces femmes, ces hommes et ces enfants réfugié.e.s arrivent et stagnent dans des conditions indignes : Damien Carême, contre l’avis de l’Etat, réagit et avec l’aide de Médecins Sans Frontière, met en place le premier camp humanitaire sur le territoire français. Dans la foulée, il fonde l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants, qu’il co-préside aujourd'hui avec Jeanne Barseghian.
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud.
Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Et le 1er juillet 2021 ? Ce jour-là, Damien Carême vit une victoire majeure : dans la matinée, le Conseil d’État rend en effet un arrêt historique dans lequel il sanctionne le gouvernement pour inaction climatique et l’enjoint à prendre, dans un délai de neuf mois, « toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre produites sur le territoire national afin d’assurer sa compatibilité avec les objectifs » du pays. Si cette victoire est un pas de géant pour le climat ainsi qu’un véritable séïsme judiciaire, elle est également la concrétisation de la lutte d’un homme qui, un jour de novembre 2018, avait entamé, seul contre l’État, un recours pour inaction climatique. Impossible pour lui de se résoudre à laisser aux générations futures un monde invivable… »
- Président de l'Association des Maires Ville & Banlieue de France en 2014-2015
- Prix Nord/Sud du Conseil de l'Europe en 2018
- Prix Éthique et Société, avec Mention Spéciale du Jury, de la fondation Pierre Simon en 2016
- 9e "Meilleur maire du monde", décerné par la City Mayor Fondation en 2016
- 2016, « On ne peut rien contre la volonté d’un homme » (éd. Stock), livre écrit avec Maryline Baumard