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ARMES CHIMIQUES EN MER DU NORD : LE POINT SUR LA SITUATION

26 juillet 2021

3 milliards de tonnes. C’est le poids des munitions, notamment chimiques, qui ont été déversées dans les mers du nord et Baltique à l’issue des deux conflits mondiaux. Une présence confirmée par une carte identifiant l’emplacement des munitions conventionnelles, chimiques ou inconnues immergées dans les mers européennes présentée par la Direction Générale Affaires maritimes et pêche de la Commission européenne en 2019.

Le long des côtes françaises, notamment les côtes de la mer du Nord, à faible profondeur, c’est un vaste tapis de bombes toxiques qui tapissent les fonds marins et constitue une grave menace pour l’environnement marin et la santé humaine.

Maire de Grande-Synthe pendant 18 ans, je suis tout particulièrement préoccupé par la présence de substances susceptibles d’avoir des impacts considérables tant sur les écosystèmes marins que sur les chaines alimentaires. 

Dès mon arrivée en fonction au Parlement européen, en juillet 2019, j’ai interpellé concomitamment la Commission européenne et les Ministres françaises des Armées et de la Transition écologique et solidaire, respectivement Mesdames Parly et Borgne.


Dans sa réponse, le Commissaire Vella, reconnait l’existence de munitions chimiques et des munitions non explosées immergées en mer Baltique et en mer du Nord et rappelle que dans le cadre du plan d’action révisé de la stratégie pour la sécurité maritime de l’UE (PA-SSMUE), les États membres se sont engagés à en optimiser leur évacuation et leur élimination.


Ton et règles bien différents du côté du gouvernement français : la Ministre des Armées me réoriente vers sa consœur de la transition écologique et solidaire, Élisabeth Borgne, alors même que c’est la marine nationale, rattachée au Ministère des Armées, qui est en charge de la détection et de la destruction des munitions immergées.

La Ministre de la Transition écologique mettra près d’un an à répondre à mon courrier. 


Réagir à une pollution susceptible d’éradiquer toute forme de vie dans ces fonds marins pendant des siècles n’est vraisemblablement pas une urgence.

Si la Ministre reconnait la présence de munitions en Mer du Nord, elle nie la présence d’armes chimiques dans les eaux territoriales françaises. Pas étonnant quand on sait que les études et cartographies précises manquent. L’association Robin des bois, dans son Atlas de la France toxique publié en 2016, recense, elle, au moins 6 sites d’immersion d’armes chimiques 

Rien n'a avancé.

Aucune des actions suggérées par la Ministre dans son courrier de juin 2020 ne semble avoir été mise en œuvre : pas de cartographie plus précise disponible, pas d’information scientifique fiable, et un gouvernement qui ne répond pas aux journalistes.

C’est inadmissible. Le gouvernement français doit à minima lancer rapidement les études nécessaires au recensement précis de ces munitions. Fussent-elles chimiques ou conventionnelles, leur dégradation fait peser un risque majeur sur les écosystèmes marins et la santé humaine. Partout, l’environnement se dégrade, les conséquences des changements climatiques se font plus violentes.  

Le long des eaux territoriales françaises et européennes, les États membres ont la possibilité et la responsabilité d’éviter une catastrophe environnementale. Il est temps d’agir !