3 milliards de tonnes. C’est le poids des munitions, notamment chimiques, qui ont été déversées dans les mers du nord et Baltique à l’issue des deux conflits mondiaux. Une présence confirmée par une carte identifiant l’emplacement des munitions conventionnelles, chimiques ou inconnues immergées dans les mers européennes présentée par la Direction Générale Affaires maritimes et pêche de la Commission européenne en 2019.
Le long des côtes françaises, notamment les côtes de la mer du Nord, à faible profondeur, c’est un vaste tapis de bombes toxiques qui tapissent les fonds marins et constitue une grave menace pour l’environnement marin et la santé humaine.
Maire de Grande-Synthe pendant 18 ans, je suis tout particulièrement préoccupé par la présence de substances susceptibles d’avoir des impacts considérables tant sur les écosystèmes marins que sur les chaines alimentaires.
Dès mon arrivée en fonction au Parlement européen, en juillet 2019, j’ai interpellé concomitamment la Commission européenne et les Ministres françaises des Armées et de la Transition écologique et solidaire, respectivement Mesdames Parly et Borgne.
Dans sa réponse, le Commissaire Vella, reconnait l’existence de munitions chimiques et des munitions non explosées immergées en mer Baltique et en mer du Nord et rappelle que dans le cadre du plan d’action révisé de la stratégie pour la sécurité maritime de l’UE (PA-SSMUE), les États membres se sont engagés à en optimiser leur évacuation et leur élimination.
Ton et règles bien différents du côté du gouvernement français : la Ministre des Armées me réoriente vers sa consœur de la transition écologique et solidaire, Élisabeth Borgne, alors même que c’est la marine nationale, rattachée au Ministère des Armées, qui est en charge de la détection et de la destruction des munitions immergées.
La Ministre de la Transition écologique mettra près d’un an à répondre à mon courrier.
Réagir à une pollution susceptible d’éradiquer toute forme de vie dans ces fonds marins pendant des siècles n’est vraisemblablement pas une urgence.
Si la Ministre reconnait la présence de munitions en Mer du Nord, elle nie la présence d’armes chimiques dans les eaux territoriales françaises. Pas étonnant quand on sait que les études et cartographies précises manquent. L’association Robin des bois, dans son Atlas de la France toxique publié en 2016, recense, elle, au moins 6 sites d’immersion d’armes chimiques
Rien n'a avancé.
Aucune des actions suggérées par la Ministre dans son courrier de juin 2020 ne semble avoir été mise en œuvre : pas de cartographie plus précise disponible, pas d’information scientifique fiable, et un gouvernement qui ne répond pas aux journalistes.
C’est inadmissible. Le gouvernement français doit à minima lancer rapidement les études nécessaires au recensement précis de ces munitions. Fussent-elles chimiques ou conventionnelles, leur dégradation fait peser un risque majeur sur les écosystèmes marins et la santé humaine. Partout, l’environnement se dégrade, les conséquences des changements climatiques se font plus violentes.
Le long des eaux territoriales françaises et européennes, les États membres ont la possibilité et la responsabilité d’éviter une catastrophe environnementale. Il est temps d’agir !
Député Européen Verts / ALE**,
Président de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants.
Damien Carême est né en Lorraine.
Il est élu maire de Grande-Synthe, dans le Nord, en 2001 et le reste jusqu’en mai 2019, date à laquelle il entre au Parlement européen.
Durant 18 ans, à Grande-Synthe, il mène une politique mue par l’écologie sociale et transforme ainsi radicalement la ville. Capitale française de la biodiversité en 2010, Grande-Synthe voit naître des jardins partagés, des quartiers totalement repensés, des repas 100% bio et locaux dans toutes les cantines, une démarche d’autonomie alimentaire, des transports en commun gratuits, un minimum social garanti (MSG) pour les habitants vivant sous le seuil de pauvreté, une université populaire, des ateliers de fabrique de l’autonomie… Un objectif, clair : créer du sens commun et véritablement entrer « en transition ».
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud. * Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Fin 2015, le conflit syrien pousse à l’exil des milliers de personnes. A Grande-Synthe, ces femmes, ces hommes et ces enfants réfugié.e.s arrivent et stagnent dans des conditions indignes : Damien Carême, contre l’avis de l’Etat, réagit et avec l’aide de Médecins Sans Frontière, met en place le premier camp humanitaire sur le territoire français. Dans la foulée, il fonde l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants, qu’il co-préside aujourd'hui avec Jeanne Barseghian.
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud.
Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Et le 1er juillet 2021 ? Ce jour-là, Damien Carême vit une victoire majeure : dans la matinée, le Conseil d’État rend en effet un arrêt historique dans lequel il sanctionne le gouvernement pour inaction climatique et l’enjoint à prendre, dans un délai de neuf mois, « toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre produites sur le territoire national afin d’assurer sa compatibilité avec les objectifs » du pays. Si cette victoire est un pas de géant pour le climat ainsi qu’un véritable séïsme judiciaire, elle est également la concrétisation de la lutte d’un homme qui, un jour de novembre 2018, avait entamé, seul contre l’État, un recours pour inaction climatique. Impossible pour lui de se résoudre à laisser aux générations futures un monde invivable… »
- Président de l'Association des Maires Ville & Banlieue de France en 2014-2015
- Prix Nord/Sud du Conseil de l'Europe en 2018
- Prix Éthique et Société, avec Mention Spéciale du Jury, de la fondation Pierre Simon en 2016
- 9e "Meilleur maire du monde", décerné par la City Mayor Fondation en 2016
- 2016, « On ne peut rien contre la volonté d’un homme » (éd. Stock), livre écrit avec Maryline Baumard