J’ai participé, mardi 1er décembre, à un échange intéressant au sein de la commission parlementaire sur l’évasion fiscale (FISC). Il y était question des moyens pour mieux lutter contre les paradis fiscaux, à la fois en dehors de l’Union européenne et en son sein.
Car oui, il y a des loups dans la bergerie, des paradis fiscaux au sein de notre Union et cela fait trop longtemps que ça dure. C’est contraire à nos valeurs et à notre intérêt commun.
C’est ce que vient d’ailleurs souligner un tout récent rapport publié par un ensemble d’ONG travaillant sur la justice fiscale.
Les conclusions de ce rapport sont aussi éclairantes qu’accablantes : chaque année, le monde perd plus de 362 milliards d’euros à cause de l’évasion fiscale.
Rien qu’en France, ce manque à gagner s’élève à 8,61 % des dépenses de santé – soit l’équivalent du salaire annuel de 510 000 infirmières, aujourd’hui si mal payées, épuisées, et dont on manque cruellement dans nos hôpitaux. Il nous faut récupérer cet argent.
Les principaux responsables de cette évasion fiscale, il faut le dire haut et fort, on les connaît : ce sont des pays européens. Le Royaume-Uni (responsable de 10 % des pertes fiscales mondiales), les Pays-Bas (8,5 %), le Luxembourg (6,5 %)... En tout, les États membres de l'UE sont eux-mêmes responsables de 36 % de ces pertes fiscales.
Les pays sur la liste noire européenne des paradis fiscaux ne sont responsables que de 2% de ces pertes. On marche sur la tête.
Pourtant, on peut agir.
Les solutions pour mettre fin à cette insupportable vérité, nous les connaissons.
Il faut un taux minimum d’imposition effectif sur les sociétés au niveau européen, d’au moins 20%.
Il faut interdire les transferts de bénéfices d’un État membre à l’autre dans le seul but d’échapper à l’impôt, grâce à la taxation unitaire des multinationales.
Il faut obliger ces multinationales à la transparence fiscale, moyen terriblement efficace pour permettre de vérifier que les impôts sont bien payés là où ils devraient l’être. Pour qu’elles rendent compte.
Personne ne doit être au-dessus des lois. Mettons fin à l’impunité.
Pour cette raison, avec des collègues écologistes, nous demandons à la prochaine Présidence du Conseil de l’UE (le Portugal) de mettre à la table des discussions des Ministres le sujet de la transparence fiscale des multinationales (en Anglais : « country by country reporting » (CBCR)). C’est un dossier bloqué depuis des années par les Ministres européens, il faut d’urgence le débloquer. Nous comptons sur la présidence portugaise pour ce faire : il semblerait qu’une courte majorité d’États y soit (enfin) favorable au Conseil.
Ne lâchons rien. Battons-nous pour la transparence et la justice fiscale.
Député Européen Verts / ALE**,
Président de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants.
Damien Carême est né en Lorraine.
Il est élu maire de Grande-Synthe, dans le Nord, en 2001 et le reste jusqu’en mai 2019, date à laquelle il entre pour la première fois au Parlement européen.
Durant 18 ans, à Grande-Synthe, il mène une politique mue par l’écologie sociale et transforme ainsi radicalement la ville. Capitale française de la biodiversité en 2010, Grande-Synthe voit naître des jardins partagés, des quartiers totalement repensés, des repas 100% bio et locaux dans toutes les cantines, une démarche d’autonomie alimentaire, des transports en commun gratuits, un minimum social garanti (MSG) pour les habitants vivants sous le seuil de pauvreté, une université populaire, des ateliers de fabrique de l’autonomie… Un objectif, clair : créer du sens commun et véritablement entrer « en transition ».
Fin 2015, le conflit syrien pousse à l’exil des milliers de personnes. A Grande-Synthe, ces femmes, ces hommes et ces enfants réfugié.e.s arrivent et stagnent dans des conditions indignes : Damien Carême, contre l’avis de l’Etat, réagit et avec l’aide de Médecins Sans Frontière, met en place le premier camp humanitaire sur le territoire français. Dans la foulée, il fonde l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants, qu’il préside.
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud.
Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
- Président de l'Association des Maires Ville & Banlieue de France en 2014-2015
- Prix Nord/Sud du Conseil de l'Europe en 2018
- Prix Éthique et Société, avec Mention Spéciale du Jury, de la fondation Pierre Simon en 2016
- 9e "Meilleur maire du monde", décerné par la City Mayor Fondation en 2016
- 2016, « On ne peut rien contre la volonté d’un homme » (éd. Stock), livre écrit avec Maryline Baumard