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31 janvier 2024

Frontex - Sénégal : vers un accord néocolonialiste dangereux pour les Sénégalais·es et les exilé·es

LA SITUATION AU 31 JANVIER 2024

La commission des Libertés civiles du Parlement européen a adopté aujourd’hui des recommandations à destination de la Commission européenne sur les négociations en cours d’un accord sur le déploiement de l’agence Frontex au Sénégal.

C’est une victoire et je vous explique pourquoi  

L’obsession de la Commission européenne et des États membres de l’UE à vouloir perpétuellement renforcer l’ « Europe forteresse » et à « faire passer l’envie aux exilé·es de venir chez nous », quitte à piétiner les droits fondamentaux et nos valeurs, se poursuit. Mon combat pour dénoncer cette obsession et ses conséquences aussi !

La Commission européenne et le Sénégal négocient actuellement un accord qui vise à déployer l’agence Frontex hors du territoire de l’UE. Cet accord “Frontex - Sénégal” illustre parfaitement la tendance croissante de l’UE à se décharger de ses responsabilités en matière de droit d’asile et de respect des droits fondamentaux

“Repousser” nos frontières et en laisser le contrôle à des pays tiers peu respectueux des droits humains et à une agence européenne régulièrement accusée de violations graves des droits fondamentaux des exilé·es comme le rapportent plusieurs enquêtes est particulièrement inquiétant :

Refoulements illégaux de migrants en mer Égée : Frontex visée par une enquête - InfoMigrants

Refoulement de migrants en Grèce : l’enquête qui accuse Frontex (lemonde.fr)

Après avoir déployé des agent·es de Frontex partout aux frontières extérieures de l’Union, la Commission s’attaque désormais à la Mauritanie et au Sénégal.

La politique migratoire et économique néocoloniale de l’UE change d’échelle mais garde le même objectif : empêcher les exilé·es d’atteindre nos côtes.

Les négociations avec le Sénégal sont d’autant plus inacceptables que, contrairement à la Mauritanie, le Sénégal a exprimé sa réticence à conclure un tel accord. Mais la Commission force cette « coopération » avec ces « partenaires privilégiés » de l’UE. Coûte que coûte. Sans même avoir étudié au préalable l’impact que le déploiement de Frontex pourrait avoir sur la protection des droits fondamentaux des exilé·es et des Sénégalais·es ! Alors même que le pays traverse une crise politique majeure. 

C’est dans ce contexte extrêmement préoccupant que nous avons adopté aujourd’hui en Commission des Libertés civiles au Parlement européen un rapport où nous faisons part de nos vives inquiétudes à la Commission, et où nous exigeons, a minima, des prérequis clairs et précis si les négociations devaient se poursuivre et un accord être conclu. 

Vous pouvez lire ce rapport en Français ici : : https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/A-9-2024-0032_FR.html 

Je me réjouis d’avoir pris part aux négociations sur ce rapport et de le voir aujourd’hui adopté en Commission LIBE. 

Je suis contre ce déploiement de Frontex au Sénégal. Imposer la présence de Frontex en Mauritanie et au Sénégal revient à empiéter la souveraineté de ces États, à entraver le droit à la libre circulation des habitant·es de cette région permis par un protocole au Traité de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO), et à rendre les routes migratoires encore plus dangereuses.

La présence de Frontex impactera également le modèle de pêche artisanal local, et pourrait entraîner des refoulements illégaux de pêcheurs locaux, sous couvert de contrôle des frontières. Une pêche locale est déjà gravement mise en péril par les accords de pêche passés entre l’UE et le Sénégal. En permettant aux navires de pêche européens de piller les ressources halieutiques des eaux sénégalaises, l’UE est la première responsable de la précarisation des pêcheurs et des communautés locales; elle est la première responsable de l’émigration au Sénégal et des mouvements migratoires vers l’Europe. C’est le serpent qui se mord la queue !

Le rapport ambitieux voté aujourd’hui doit encore être adopté formellement par le Parlement européen réuni en session plénière en février. D’ici-là, je continuerai à dénoncer haut et fort ces politiques migratoires inefficaces, honteuses et meurtrières. Et je vous tiendrai évidemment informé·es de la suite donnée à ce rapport et aux négociations entre la Commission et le Sénégal.

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