À chaque drame frappant les chercheuses et les chercheurs de refuge, j’ai l’espoir que les États membres et les institutions européennes sauront prendre des décisions ambitieuses et mettre en œuvre un système d’accueil pérenne et juste.
À chaque drame, pourtant, passés l’émotion, les annonces de la Commission européenne et les engagements minables et pourtant peu tenus des États membres, le sort de ces femmes, hommes et enfants n’est plus une priorité.
Pire, si quelques États membres sont encore capables d’humanité dans ces moments de crise abominable, ils ne parviennent pas à s’accorder à 26 sur une politique migratoire européenne qui les empêcherait, justement, les crises abominables.
L’humanitaire au rabais oui, mais s’engager pour que les drames cessent définitivement, non.
Ce manque de courage, cette faiblesse face aux discours nauséabonds de l’extrême droite, ce sont les chercheurs de refuge et ceux qui leur viennent en aide qui en paient le prix. Fort.
Après avoir erré plusieurs jours sur les routes de Lesbos, dormis dehors, enfants inclus, les chercheurs de refuge ont finalement été accueillis à la hâte dans un ancien camp militaire, le camp de Kara Tepe. 1100 tentes ont été installées sur ce qui signifie « colline noire » en turc, tant ce lieu est inhospitalier pour la nature. 10.000 personnes, sans eau courante, sans douche, avec un seul repas quotidien. Un camp insalubre géré comme une prison, déjà inondé lors des premières pluies d’octobre, entrainant l’évacuation de 600 personnes. Un camp pire que Moria en somme. Mais un nouveau camp d’une capacité de 8000 à 10.000 personnes qui permet à la Grèce, sans vergogne, d’envisager la fermeture prochaine des deux camps (dont le camp de Pipka géré par l’association Lesbos solidarité), plus petits et relativement décents, qui accueillent les personnes vulnérables.
La situation n’a donc pas du tout évolué. Un mois après l’incendie qui a ravagé le camp de Moria, à Lesbos, petite île de la mer Égée, les chercheurs de refuge survivent dans des conditions éprouvantes, les habitants se sentent abandonnés et les groupes d’extrême droite attisent les tensions.
C’est absolument inacceptable. Les États membres et l’Union européenne se donnent bonne conscience en accueillant quelques centaines de migrants (150 pour la France !). Et la Grèce est rémunérée pour son rôle de geôlier de l’Europe : une aide d’urgence de 750.000 euros pour les besoins immédiats a été débloquée + une aide dans le cadre du mécanisme de la protection civile de l’Union européenne.
Faute de réels soutiens, faute d’une politique migratoire commune, juste et solidaire, la Grèce, pays exsangue, assume seule ces êtres humains qui cherchent refuge en Europe, parfois en violant les droits humains lorsqu’elle refoule violemment des embarcations vers la Turquie. Et elle continue de se barricader.Le pays vient en effet de finaliser un plan pour construire un mur le long de sa frontière nord-est avec la Turquie afin d’empêcher le passage des chercheurs de refuge. Ces 26 kilomètres s’ajouteront aux 10 km déjà existants, pour un coût de 63 millions. L’Europe forteresse a encore de beaux jours devant elle. Au mépris le plus total des droits humains et de la solidarité.
Une discussion entre la Commission européenne, la présidence allemande et les député.e.s européen.ne.s sur la situation dans le camp de Kara Tepe et les futurs défis en matière de gestion de l'asile/migration dans les îles grecques aura lieu en Commission Libertés publiques mardi 27 octobre à 17h15. Je la suivrai avec intérêt et ne manquerai pas de vous tenir informés ici.
Député Européen Verts / ALE**,
Président de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants.
Damien Carême est né en Lorraine.
Il est élu maire de Grande-Synthe, dans le Nord, en 2001 et le reste jusqu’en mai 2019, date à laquelle il entre au Parlement européen.
Durant 18 ans, à Grande-Synthe, il mène une politique mue par l’écologie sociale et transforme ainsi radicalement la ville. Capitale française de la biodiversité en 2010, Grande-Synthe voit naître des jardins partagés, des quartiers totalement repensés, des repas 100% bio et locaux dans toutes les cantines, une démarche d’autonomie alimentaire, des transports en commun gratuits, un minimum social garanti (MSG) pour les habitants vivant sous le seuil de pauvreté, une université populaire, des ateliers de fabrique de l’autonomie… Un objectif, clair : créer du sens commun et véritablement entrer « en transition ».
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud. * Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Fin 2015, le conflit syrien pousse à l’exil des milliers de personnes. A Grande-Synthe, ces femmes, ces hommes et ces enfants réfugié.e.s arrivent et stagnent dans des conditions indignes : Damien Carême, contre l’avis de l’Etat, réagit et avec l’aide de Médecins Sans Frontière, met en place le premier camp humanitaire sur le territoire français. Dans la foulée, il fonde l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants, qu’il co-préside aujourd'hui avec Jeanne Barseghian.
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud.
Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Et le 1er juillet 2021 ? Ce jour-là, Damien Carême vit une victoire majeure : dans la matinée, le Conseil d’État rend en effet un arrêt historique dans lequel il sanctionne le gouvernement pour inaction climatique et l’enjoint à prendre, dans un délai de neuf mois, « toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre produites sur le territoire national afin d’assurer sa compatibilité avec les objectifs » du pays. Si cette victoire est un pas de géant pour le climat ainsi qu’un véritable séïsme judiciaire, elle est également la concrétisation de la lutte d’un homme qui, un jour de novembre 2018, avait entamé, seul contre l’État, un recours pour inaction climatique. Impossible pour lui de se résoudre à laisser aux générations futures un monde invivable… »
- Président de l'Association des Maires Ville & Banlieue de France en 2014-2015
- Prix Nord/Sud du Conseil de l'Europe en 2018
- Prix Éthique et Société, avec Mention Spéciale du Jury, de la fondation Pierre Simon en 2016
- 9e "Meilleur maire du monde", décerné par la City Mayor Fondation en 2016
- 2016, « On ne peut rien contre la volonté d’un homme » (éd. Stock), livre écrit avec Maryline Baumard