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23 octobre 2020

UN MOIS APRES L’INCENDIE DE MORIA, LA SITUATION A LESBOS EST TOUJOURS DRAMATIQUE

Les chercheurs de refuge survivent dans des conditions très difficiles.

Les chiffres

  • Lesbos compte 85.000 habitants
  • En 2015, 500.000 chercheurs de refuge y ont débarqué
  • En 2020, 4337 y ont débarqué
  • Le camp de Moria, le plus grand de l’Union européenne, a compté jusqu’à 25.000 personnes, fin 2019, alors qu’il était initialement prévu pour en accueillir 2000.
  • Avant l’incendie du 9 septembre 2020, 11.700 personnes tentaient d’y survivre (14.000 au total sur l’ile de Lesbos) dont environ 3000 enfants de moins de 12 ans

À chaque drame frappant les chercheuses et les chercheurs de refuge, j’ai l’espoir que les États membres et les institutions européennes sauront prendre des décisions ambitieuses et mettre en œuvre un système d’accueil pérenne et juste. 
À chaque drame, pourtant, passés l’émotion, les annonces de la Commission européenne et les engagements minables et pourtant peu tenus des États membres, le sort de ces femmes, hommes et enfants n’est plus une priorité.

Pire, si quelques États membres sont encore capables d’humanité dans ces moments de crise abominable, ils ne parviennent pas à s’accorder à 26 sur une politique migratoire européenne qui les empêcherait, justement, les crises abominables. 

L’humanitaire au rabais oui, mais s’engager pour que les drames cessent définitivement, non.

Ce manque de courage, cette faiblesse face aux discours nauséabonds de l’extrême droite, ce sont les chercheurs de refuge et ceux qui leur viennent en aide qui en paient le prix. Fort.

Après avoir erré plusieurs jours sur les routes de Lesbos, dormis dehors, enfants inclus, les chercheurs de refuge ont finalement été accueillis à la hâte dans un ancien camp militaire, le camp de Kara Tepe. 1100 tentes ont été installées sur ce qui signifie « colline noire » en turc, tant ce lieu est inhospitalier pour la nature. 10.000 personnes, sans eau courante, sans douche, avec un seul repas quotidien. Un camp insalubre géré comme une prison, déjà inondé lors des premières pluies d’octobre, entrainant l’évacuation de 600 personnes. Un camp pire que Moria en somme. Mais un nouveau camp d’une capacité de 8000 à 10.000 personnes qui permet à la Grèce, sans vergogne, d’envisager la fermeture prochaine des deux camps (dont le camp de Pipka géré par l’association Lesbos solidarité), plus petits et relativement décents, qui accueillent les personnes vulnérables.

La situation n’a donc pas du tout évolué. Un mois après l’incendie qui a ravagé le camp de Moria, à Lesbos, petite île de la mer Égée, les chercheurs de refuge survivent dans des conditions éprouvantes, les habitants se sentent abandonnés et les groupes d’extrême droite attisent les tensions. 

C’est absolument inacceptable. Les États membres et l’Union européenne se donnent bonne conscience en accueillant quelques centaines de migrants (150 pour la France !). Et la Grèce est rémunérée pour son rôle de geôlier de l’Europe : une aide d’urgence de 750.000 euros pour les besoins immédiats a été débloquée + une aide dans le cadre du mécanisme de la protection civile de l’Union européenne.

Faute de réels soutiens, faute d’une politique migratoire commune, juste et solidaire, la Grèce, pays exsangue, assume seule ces êtres humains qui cherchent refuge en Europe, parfois en violant les droits humains lorsqu’elle refoule violemment des embarcations vers la Turquie. Et elle continue de se barricader.Le pays vient en effet de finaliser un plan pour construire un mur le long de sa frontière nord-est avec la Turquie afin d’empêcher le passage des chercheurs de refuge. Ces 26 kilomètres s’ajouteront aux 10 km déjà existants, pour un coût de 63 millions. L’Europe forteresse a encore de beaux jours devant elle. Au mépris le plus total des droits humains et de la solidarité.

Une discussion entre la Commission européenne, la présidence allemande et les député.e.s européen.ne.s sur la situation dans le camp de Kara Tepe et les futurs défis en matière de gestion de l'asile/migration dans les îles grecques aura lieu en Commission Libertés publiques mardi 27 octobre à 17h15. Je la suivrai avec intérêt et ne manquerai pas de vous tenir informés ici.