Aujourd’hui, 28 janvier, c’est la Journée mondiale de la protection des données. L’occasion pour moi de rappeler l’importance de notre droit à la vie privée, fondement de notre liberté d’agir et de penser. Face à des menaces nombreuses et variées (GAFA, Brexit...), l’Union européenne peut et doit jouer un rôle protecteur.
« Dire que votre droit à la vie privée importe peu car vous n’avez rien à cacher revient à dire que votre liberté d’expression importe peu, car vous n’avez rien à dire. Car même si vous n’utilisez pas vos droits aujourd’hui, d’autres en ont besoin. Cela revient à dire : les autres ne m’intéressent pas. » Les propos du célèbre lanceur d’alertes Edward Snowden illustrent à quel point le droit à la vie privée et à la protection des données personnelles est fondamental. Il est le cœur de ce que nous sommes, chacun en tant qu’individu, mais aussi en tant que société.
Face à l’arrivée en puissance des réseaux sociaux et l’intrusion de la vie privée dans la sphère publique, on peut être tenté parfois de baisser les bras, d’abandonner la notion de privé, d’intime. Mais il ne faut pas. Ce serait trop grave de perdre ce droit. Il est de notre devoir, individuel et collectif, de le faire respecter. Il n’y a pas de raison : le monde du numérique, aussi, doit être soumis à certains principes, certaines règles.
C’est d’ailleurs ce qu’a fait l’Union européenne en 2016, en adoptant un règlement général sur la protection des données personnelles. Le fameux « RGPD » qui est entré en application en mai 2018 et qui impose notre consentement au traitement de nos données. Le même RGPD qui nous permet aujourd’hui, sur un site internet, de n’accepter que la collecte des « cookies » nécessaires à la navigation en ligne. Le même encore qui, récemment, a protégé les utilisateurs européens face à la volonté de WhatsApp de partager davantage de données avec Facebook.
Les règles européennes sont parmi les plus protectrices au monde. Le RGPD interdit, par exemple, de conditionner la fourniture d’un service à la collecte de données qui ne sont pas nécessaires à la fourniture dudit service. L’Union européenne doit tenir bon et faire respecter ses règles. L’actualité nous montre qu’elles sont légitimes autant qu’indispensables.
Parmi les menaces qui pèsent sur notre droit à la vie privée, il y a bien sûr la surveillance de masse. La tentation, bien réelle, de l’État policier. Là encore, il faut se battre pour éviter le pire. Refuser une société où tout serait filmé, écouté, contrôlé, fliqué. Une société où les dirigeants auraient connaissance de tout, ouvrant grand la voie aux manipulations et à l’autoritarisme. Une société où notre liberté de conscience, de manière perverse et progressive, nous serait confisquée.
Là encore, l’Union européenne doit jouer un rôle protecteur. Le cadre juridique européen – la Cour européenne de Justice en dernier recours – garantit notre droit à la vie privée face aux dérives des gouvernements en matière de surveillance.
L’échange de données avec des pays tiers, aussi, est soumis à certaines règles. C’est là encore l’un des nombreux défis – et l’un des points non résolus – du Brexit : il faudra faire valoir nos standards vis-à-vis du Royaume-Uni, dont les services secrets ne lésinent pas sur les moyens de surveillance. L’Europe devra être à la hauteur. Avec mes collègues écologistes au Parlement européen, je veillerai à ce que nos droits soient protégés.
Député Européen Verts / ALE**,
Président de l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants.
Damien Carême est né en Lorraine.
Il est élu maire de Grande-Synthe, dans le Nord, en 2001 et le reste jusqu’en mai 2019, date à laquelle il entre au Parlement européen.
Durant 18 ans, à Grande-Synthe, il mène une politique mue par l’écologie sociale et transforme ainsi radicalement la ville. Capitale française de la biodiversité en 2010, Grande-Synthe voit naître des jardins partagés, des quartiers totalement repensés, des repas 100% bio et locaux dans toutes les cantines, une démarche d’autonomie alimentaire, des transports en commun gratuits, un minimum social garanti (MSG) pour les habitants vivant sous le seuil de pauvreté, une université populaire, des ateliers de fabrique de l’autonomie… Un objectif, clair : créer du sens commun et véritablement entrer « en transition ».
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud. * Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Fin 2015, le conflit syrien pousse à l’exil des milliers de personnes. A Grande-Synthe, ces femmes, ces hommes et ces enfants réfugié.e.s arrivent et stagnent dans des conditions indignes : Damien Carême, contre l’avis de l’Etat, réagit et avec l’aide de Médecins Sans Frontière, met en place le premier camp humanitaire sur le territoire français. Dans la foulée, il fonde l’Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants, qu’il co-préside aujourd'hui avec Jeanne Barseghian.
En mai 2019, il est élu député européen. Avec 12 autres élu.e.s, il rejoint alors le groupe des Verts / ALE au Parlement européen, où il intègre plusieurs commissions : la Commission des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE), la Commission industrie, recherche et énergie (ITRE) et la Commission des affaires économiques et monétaires (ECON). Il intègre également une délégation : la délégation Afrique du Sud.
Ce qui l’anime ? Poursuivre les missions et les combats entamés à Grande-Synthe, agir à grande échelle en faveur de l’écologie sociale, respectueuse de la dignité, des droits fondamentaux et de la justice environnementale.
Et le 1er juillet 2021 ? Ce jour-là, Damien Carême vit une victoire majeure : dans la matinée, le Conseil d’État rend en effet un arrêt historique dans lequel il sanctionne le gouvernement pour inaction climatique et l’enjoint à prendre, dans un délai de neuf mois, « toutes mesures utiles permettant d’infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre produites sur le territoire national afin d’assurer sa compatibilité avec les objectifs » du pays. Si cette victoire est un pas de géant pour le climat ainsi qu’un véritable séïsme judiciaire, elle est également la concrétisation de la lutte d’un homme qui, un jour de novembre 2018, avait entamé, seul contre l’État, un recours pour inaction climatique. Impossible pour lui de se résoudre à laisser aux générations futures un monde invivable… »
- Président de l'Association des Maires Ville & Banlieue de France en 2014-2015
- Prix Nord/Sud du Conseil de l'Europe en 2018
- Prix Éthique et Société, avec Mention Spéciale du Jury, de la fondation Pierre Simon en 2016
- 9e "Meilleur maire du monde", décerné par la City Mayor Fondation en 2016
- 2016, « On ne peut rien contre la volonté d’un homme » (éd. Stock), livre écrit avec Maryline Baumard